Dans le champ du tourisme culturel, les notions de public, d’audience et d’usagers évoluent. Il ne s’agit plus seulement de compter des entrées, mais de comprendre les motivations, les pratiques et les imaginaires des visiteurs pour mieux concevoir les offres.

Cette exigence renvoie à une logique d’expérience où le visiteur devient acteur de son séjour, co-créateur, parfois même prescripteur. C’est dans cette perspective que s’inscrit la segmentation comportementale des visiteurs, pensée non comme une grille rigide, mais comme une typologie dynamique et opérationnelle. Elle permet aux structures culturelles et touristiques (offices de tourisme, musées, lieux patrimoniaux, collectivités) d’ajuster leur stratégie d’accueil, d’interprétation et de communication.

Connaître son public, c’est déjà mieux l’accueillir.

 

 

Pourquoi segmenter vos visiteurs ?

Aujourd’hui, dans un secteur en mutation, marqué par des enjeux d’attractivité, de fréquentation et de valorisation territoriale, connaître finement les types de visiteurs n’est plus une option. C’est un pilier de performance et un socle indispensable à toute stratégie touristique et culturelle durable.

Un bon produit mal adressé reste un échec. Chaque public attend une expérience adaptée, un ton spécifique, un parcours fluide. Inspirée des inspirants travaux du Comité Régional du tourisme des Hauts-de-France, voici donc une proposition de segmentation comportementale pour mieux concevoir vos offres, outils, services, contenus et campagnes de communication.

Ainsi, adopter une approche segmentée permet de :

• Déployer une offre modulable, personnalisable
• Optimiser vos ressources humaines et matérielles
• Créer des parcours différenciés sur un même site
• Développer des campagnes marketing mieux ciblées et donc plus performantes
• Améliorer la satisfaction et les retours clients

Il n’existe pas un type de visiteur, mais une infinité de façons d’habiter un lieu.

 

 

Les 7 grands types de visiteurs à connaître pour affiner votre stratégie d’accueil

 

1.      Les promeneurs : le tourisme du quotidien

Ces visiteurs incarnent une relation spontanée au lieu, une forme douce de tourisme, parfois qualifiée de « tourisme flâneur ». Ils ne sont pas venus pour une exposition, un monument ou une activité précise ils sont là par envie d’être là, simplement. Leur logique est celle de l’errance douce, du moment suspendu, de la micro-découverte.

Ils sont en quête de déconnexion, ce sont de locaux en balade. Ils déambulent dans les rues, s’arrête par curiosité sans forcément entrer. Pour capter leur attention, il faut miser sur la signalétique et la mise en ambiance des lieux. Valorisez des espaces de respiration (bancs, points de vue, jardins) et facilitez-leur l’accès à l’information (QR code, application).

 

2.      Les curieux : visiteur en quête de sens

Ils incarnent le cœur du public culturel actif. Leur démarche est volontaire, parfois même militante. Ces visiteurs cherchent à comprendre le patrimoine, l’histoire, les cultures locales, avec un vrai appétit cognitif. Ils s’inscrivent dans ce que Michel de Certeau appelait « pratiques de lecture des lieux » : ils ne se contentent pas de voir, ils veulent interpréter.

Les curieux sont cadres, enseignants, étudiants, amateurs éclairés. Ils s’inscrivent aux visites guidées, interrogent les médiateurs, lisent tous les panneaux, prennent même des notes ou des photos. Il faut leur proposer une médiation de qualité, plurielle (humaine, écrite, sonore). Enrichissez leur expérience avec , une bibliographie, une application, des podcasts. Pensez aussi à des formats de fidélisation culturelle comme des parcours à collectionner ou des pass multisites.

 

3.      Les aventuriers : les touristes du défi, de la mobilité et du récit vécu

Issus du monde des pratiques sportives ou de pleine nature, ces visiteurs ont une logique d’action plus que de contemplation. Mais attention : l’un n’empêche pas l’autre. L’aventure n’exclut pas la culture, au contraire.

Les aventuriers sont souvent de jeunes adultes, des backpackers ou encore des groupes d’amis. Ils ne vont pas à l’office de tourisme, mais ont toujours leur application gps dans la main, à la recherche de trucs à faire dehors pour sortir du quotidien. Pour attirer leur attention, travailler le design des parcours (boucle, circuit d’aventures, …). Offrez-leur des expériences interactives et immersives.

 

4.      Les épicuriens : le plaisir comme porte d’entrée culturelle

Leur rapport au territoire est hédoniste. Le patrimoine est apprécié par le goût, les rencontres, par l’ambiance. Ils représentent une typologie souvent négligée dans la stratégie culturelle classique, ils sont pourtant dotés d’un pouvoir prescripteur important.

C’est le genre de visiteur qui cherche la bonne adresse, qui aime combiner culture et terroir. Ils ont besoin de couleurs, de musique, d’odeurs, de saveurs… Mettez en avant vos producteurs locaux et vos artisans comme ambassadeurs culturel.

 

5.      Les connectés : du tourisme à l’auto-médiatisation de l’expérience

Ils visitent avec un smartphone en main. Non pas pour s’informer, mais pour documenter. Le lieu devient décor, le moment devient contenu. Le voyage est aussi une mise en scène de soi, un récit social sur Instagram, TikTtok ou YouTube. La beauté, l’inédit et l’unicité sont rois.

Ce sont souvent de jeunes adultes, influenceurs ou touristes internationaux en quête d’exotisme. Ils choisissent les lieux instagrammables et ont tendance à se renseigner sur les réseaux sociaux plutôt que sur les sites institutionnels. Créez des lieux visuellement forts, développez une stratégie UGC (user generated content) et formez vos équipes à la culture numérique des publics (tendances, formats, …).

 

6.      Les familiaux : l’expérience intergénérationnelle encadrée

Ils voyagent avec enfants, parfois grands-parents. Leur rapport au lieu est conditionné par les contraintes logistiques, mais aussi par un double objectif : divertir et transmettre. Le tourisme devient ici pratique éducative.

Ils planifient à l’avance et cherchent des offres familiy friendly, des tarifs famille, des espaces enfants et une médiation adaptée. Concevez des parcours croisés adulte/enfant et pensez à l’accueil en cascade : vestiaires, toilettes, temps et lieux de pause et gamification.

 

7.      Les contemplatifs : le tourisme comme soin de l’âme

Issus des mouvements du slow tourisme et du développement personnel, ces visiteurs ne veulent pas « faire » mais ressentir. Ils cherchent le silence, la lenteur, le lien intime avec l’espace.

Ce sont les touristes qui participent à des retraites, empruntent les petits sentiers, et reviennent régulièrement. Valorisez les coins calmes, les lumières, les bancs. Une communication sobre et non marchande leur suffit.

 

Chaque visiteur est un médiateur potentiel… à condition de l’impliquer.

 

A chaque visiteur son tourisme, à chaque lieu sa scénographie plurielle

Penser les types de visiteurs, ce n’est pas figer les individus dans des cases, mais bien déployer une intelligence sensible et stratégique de leurs pratiques. Chaque profil dessine un rapport singulier au lieu, au temps, à l’émotion, à l’information. Du promeneur au curieux, de l’épicurien au contemplatif, c’est toute la richesse du tourisme contemporain qui s’exprime : un tourisme plus lent, plus expérientiel, souvent hybride et émotionnellement investi.

Cette diversité n’est pas un défi, mais une opportunité. Il ne s’agit pas d’inventer une offre par cible, mais de penser des dispositifs modulables, capables de s’adapter aux envies, aux rythmes et aux imaginaires. Les outils numériques, en particulier les applications de visites ludiques comme Piste & Trésor, offrent à ce titre une réponse agile et inspirante. L’exemple de l’Abbaye de Chiry-Ourscamp, avec ses deux parcours distincts (Le sentier de l’ours pour les amateurs d’histoire patrimoniale, et Les secrets enfouis de l’abbaye, véritable enquête façon Cluedo grandeur nature) illustre parfaitement cette capacité à scénariser un même site pour des attentes différentes.

Pour en savoir plus sur Piste & Trésor, voir par ici.

Pour en savoir plus sur l’Abbaye de Chiry-Ourscamp, cliquez ici.

 

Conclusion

Ainsi, le tourisme culturel entre dans une nouvelle ère : celle de la personnalisation de masse. Non pas celle qui segmente et qui cloisonne, mais celle qui met en récit le territoire pour chacun, à sa façon. A nous, professionnels du secteur, de concevoir des offres ouvertes, souples et inspirantes, capables d’accueillir le promeneur du dimanche comme l’enquêteur passionné, la gastronome autant que l’instagrammeur. Car au fond, le patrimoine se prête à toutes les expériences. Du petit musée au grand château, de l’office du Tourisme à la région en passant par les départements et les communautés de communes, Furet Company accompagne depuis plus de 15 ans tous les acteurs du tourisme et de la culture, publics comme privés pour parler à un large public, de 7 à 77 ans.